Page:Coppée - Contes tout simples, 1920.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’enfant matériellement et moralement abandonné, l’enfant dédié, par une sorte de fatalité sociale, au vice et au crime, voilà le livre qu’il faudrait écrire, en y laissant couler toutes les charités, toutes les tendresses, toutes les indignations, toutes les colères de son cœur. Voilà le roman que Jean Vignol devrait faire, si... Mais à quoi pense-t-il ? Jean Vignol n’a pas de talent, n’en a jamais eu. Et il le sait bien. Et si des larmes l’étouffent en ce moment, il pleure à la fois sur l’infortune de ce pauvre enfant et sur sa propre impuissance.

Cependant la porte s’ouvre. C’est la mère Mathieu qui revient tout essoufflée. Oh ! qu’elle est fatiguée et caduque ! Et quel lamentable visage aux mille rides, entouré du lainage noir !

Tant pis ! le brave homme cède au désir qui le tourmente depuis quelques minutes.

« Écoutez, mère Mathieu, j’ai réfléchi pendant votre absence... Du temps de maman, je