Page:Coppée - Discours de réception, 1884.djvu/30

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par le mal qui devait faire de ses dernières années une lente agonie, il ne put qu’accompagner nos soldats de ses ardentes prières et de ses vœux passionnés. Il ne faillit pas du moins à ce devoir, et parmi les cris de guerre qu’arrachait alors à nos poètes le désespoir national, il en poussa d’admirables. Où trouvera-t-on plus d’enthousiasme vraiment français, plus d’éloquence patriotique, que dans les vers de M. de Laprade aux Bretons, que dans ces strophes enflammées, où l’Arverne se souvient que les habitants des landes de l’Ouest sont Celtes comme lui et que leurs pères ont lutté jusqu’au bout contre les légions romaines ; où le montagnard, qui a sans doute dans les veines une goutte du sang de Vercingétorix, crie éperdument : Aux armes ! vers le pays de Beaumanoir et de Du Guesclin ?

 
Allez donc, ô géants, ô Bretagne, ô Vendée !
Allez, Saints de l’Anjou !
De sauvages impurs la France est inondée ;
Peuple chrétien, debout !

C’est notre Dieu sanglant qui vous appelle aux armes,
Qui vous commande ici.
Saint Louis, Jeanne d’Arc, les yeux baignés de larmes,
Vous adjurent aussi.

Il s’agit de leur France et de son âme entière ;
Car le Teuton vainqueur
Veut moins, dans son orgueil, rogner notre frontière
Qu’égorger notre honneur !

Il rêve d’effacer la France de l’histoire,
Par le fer, par le feu,
Et de faire servir son infâme victoire
A nier notre Dieu.