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des églises du désert.

venons d’indiquer rapidement les vues ambitieuses du ministre de Philippe v, le cardinal Alberoni. Il avait espéré trouver des appuis chez les protestants français, et surtout chez ceux au sein desquels il croyait le plus facile d’exciter des soulèvements. Ses plans s’adressèrent de préférence aux églises des Cévennes et du bas Languedoc. Le régent de France conçut de vives inquiétudes. Afin de s’assurer un moyen d’action confidentiel sur les églises, le gouvernement du régent eut l’idée assez politique de s’adresser au ministre et diplomate, Jacques Basnage, l’un des plus illustres d’entre les réfugiés, homme dont le patriotisme égalait les lumières et la prudence. À cet effet, le régent dépêcha un gentilhomme à la cour de La Haye, pour entrer en pourparler avec Basnage. Le sage ministre indiqua au gouvernement du régent le jeune pasteur Antoine Court. Ce dernier eut des conférences avec les agents de son propre gouvernement. C’étaient M. Genac de Beaulieu, gentilhomme du Dauphiné,1819. qui fut envoyé en Languedoc, et M. de la Bouchetière, colonel de cavalerie au service de la Grande-Bretagne, qui fut envoyé en Poitou, sa province d’origine. Antoine Court leur déclara que les églises avaient déjà éconduit les agents du cardinal d’Espagne, que la rigueur des édits pouvait seule faire soulever les protestants, et que, d’ailleurs, il travaillait journellement et au péril de sa vie à détruire jusques aux dernières traces du fanatisme. Il paraît certain qu’après ces réponses claires et rassurantes, le gouvernement du régent fit offrir une pension considérable au ministre Antoine Court, avec faculté d’aliéner ses biens, et même de s’établir hors du royaume. Il refusa tout, à cause de l’espèce d’exil auquel ces faveurs le condamnaient.