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histoire.

Nous avons d’ailleurs fort peu de détails sur ces négociations curieuses, qui révélaient chez le gouvernement de la régence une connaissance réelle de l’état des choses dans le midi du royaume. Nous ne connaissons ces faits que par quelques minces renseignements sur ce ministre, détails que, bien plus tard, son fils, Court de Gebelin relégua dans un coin de son immense ouvrage[1]. Ce fut un grand bonheur pour les églises que le ministre ait résisté aux offres brillantes du régent. Elles auraient fait de ce pasteur un agent politique et privé du cabinet. Elles eussent probablement fermé la carrière évangélique qu’il parcourut avec tant de zèle et de succès.

Ce fut à la même époque, sur les instances du comte de Morville, ambassadeur de France en Hollande, et sur la demande du régent, que Basnage fut chargé d’écrire cette instruction pastorale, qui fut imprimée à Paris, qui fut distribuée à profusion dans toutes les provinces, et surtout dans celles du midi du royaume. Elle avait pour but d’affermir les populations dans la fidélité due au roi, et de les préserver des intrigues étrangères. La lettre de Basnage est écrite avec beaucoup de sagesse, et indirectement ses conseils voilent avec adresse une diatribe contre les maximes ultramontaines de la déposition des rois. Mais il eût été à souhaiter que l’illustre pasteur et écrivain y eût inséré quelques espérances, ou au moins quelques vœux pour la liberté religieuse de ses compatriotes, qui n’étaient pas, comme lui, en sûreté de personne et de conscience chez un peuple hospi-

  1. Monde Primitif, Dissertations mêlées, v et vi, 1781. On n’y trouvera pas une notice, mais seulement quelques pages où Court de Gebelin parle de ses études dans la maison paternelle.