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des églises du désert.

même temps, on songeait déjà à prendre des mesures pour assurer quelques faibles honoraires aux ministres qui prêchaient au milieu de tant de périls. Deux synodes de cette même année prirent des dispositions remarquables : le premier, composé de deux pasteurs, de huit proposants et de quarante-huit 9 mai. anciens, délibéra en ces termes : « Il sera baillé, pour les habits et pour l’entière couverture des pasteurs et des proposants qui prêchent dans les églises désolées de France, la somme de soixante-dix livres chaque année. » Il prit aussi des mesures contre le danger des improvisations trop vives, en ordonnant, à l’égard d’un proposant, qu’il communiquerait ses sermons d’avance à une commission pour les faire approuver, et que s’il ne pouvait pas les apprendre mot à mot, au moins serait-il obligé d’en conserver et dire le véritable sens. L’autre assemblée délibéra en ces termes l’art. 5 de ses règlements, qui donne une idée de la 1720
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position périlleuse de ces pasteurs. « Les circonstances fâcheuses demandant qu’on prenne de plus grandes précautions pour la conservation des assemblées, il a été délibéré que les anciens auront le soin de fournir des sentinelles dans les lieux où il y aura des garnisons. » Une autre disposition, aussi naïve dans sa forme que prudente au fond, montrera la vigilance de ces assemblées pour la réputation des ministres. « A été délibéré que les pasteurs et proposants n’iront point dans les maisons où il y aura soupçon qu’ils aiment quelque fille d’une amour temporelle, et cela pour éviter les scandales et les maux qui pourraient s’y glisser ; les anciens sont exhortés d’y veiller soigneusement. » (Art. 3. Syn., cop. cert. mss. P. R.)

À mesure qu’on avance dans ce siècle et qu’on suit l’histoire des églises du midi de la France, les seules