Ces vigoureuses mesures d’administration étaient
secondées par les exercices d’un culte dont les dangers
et l’action puissante sur les âmes concouraient
également à ranimer et à entretenir l’ancienne ferveur.
Mais il est malheureusement difficile de découvrir
aujourd’hui des monuments bien certains des
prédications protestantes du désert, vers le commencement
du xviiie siècle, et par conséquent appartenant
à une époque très-antérieure au ministère de
Paul Rabaut. Alors les plus grandes précautions
étaient mises en usage pour cacher toute preuve de
ces exercices solitaires, que des lois cruelles interdisaient
au prix de rigoureuses condamnations. Que si
l’on retrouve aujourd’hui dans les pièces inédites de
ces temps quelques morceaux de sermons, on voit
que le plus souvent ils traitent de matières religieuses
générales, ou bien que la date des exercices est omise,
ce qui empêche de les citer en regard des événements
dont ils portent l’empreinte. Cependant nous avons
rencontré dans notre collection synodale (1700-1737)
une seule page de la main du ministre A. Court. D’après
les ratures et le désordre de la rédaction, elle est
sans aucun doute l’écriture hâtive et le premier jet
du style d’une composition du désert, prêchée cinq
ans après la mort de Louis XIV. La date peut être
même bien fixée. Ce fragment est transcrit sur le verso
du procès-verbal en grosse 1720.
9 mai.de l’un des premiers
synodes, qui ordonna « de convoquer, le 19me du
mois de may, un jeûne général, afin de tascher moyen
d’arrester la colère de Dieu et l’appaiser envers nous. »
(Art. 3.) Cette page porte le fragment suivant, qui
fut évidemment adressé au peuple par le ministre dans
le culte de ce jour d’humiliation. Ces paroles, d’une
éloquence si fervente et si chaleureuse, furent dites