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des églises du désert.


CHAPITRE IV.


Situation des Églises sous la régence d’Orléans. — Projets pour l’abolition des
lois pénales et le rappel des fugitifs.


Il n’est point facile de pénétrer les secrets de la politique du régent touchant les réformés de France, qui avaient salué son élévation comme l’aurore de leur délivrance. Les protestants français, fatigués, comme toutes les autres classes de citoyens, de l’interminable durée d’un règne dont tant de désastres avaient déshonoré les derniers jours, avaient souffert bien plus encore que le reste de leurs compatriotes des persécutions violentes, que l’empire des prêtres et des dévotes n’avait cesser de fomenter contre eux. Lorsqu’ils virent Louis XIV expirer en dissimulant jusqu’au dernier moment avec son neveu, le futur régent[1] ; lorsqu’ils virent le peuple couvrir les statues du grand roi des vengeances tardives de sa justice, et insulter à son convoi par des outrages ignobles ; lorsqu’ils virent surtout la cour des pairs et le parlement écouter à peine la lecture d’un testament rédigé

  1. Ce roi, qui, tout en affichant une loyauté altière dans ses relations avec l’Europe, possédait à volonté l’art de la dissimulation, était entouré de courtisans qui le lui rendaient bien. Avant qu’il expirât, les secrets de son testament étaient ceux de toutes ses antichambres ; ses faméliques suivants en cassaient déjà les articles fondamentaux. Le duc de Noailles fit défection le premier pour s’assurer les finances. Le duc de Guiche vendit les gardes française, et Reynolds les gardes suisses. Trois hommes, chargés des bienfaits du roi mourant, trahirent les secrets de son agonie ; c’étaient le maréchal de Villars, celui de Villeroi et le chancelier Voisins. Les confidents étaient dignes du maître. (Voy. Lemontey, Hist. de la rég., tom. I, p. 37-29.)