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des églises du désert.

le protégeait. L’influence janséniste dominait ces délibérations, suivant la position où se trouvait la cour vis-à-vis de l’opposition parlementaire. Aussi tout projet de ménagement envers les réformés fut repoussé par ce conseil, en 1717, par l’esprit janséniste, et en 1722 par l’esprit contraire. Dès lors le conseil laïc de l’intérieur, assez indifférent sur le fonds des questions religieuses, et n’osant violenter l’obstiné fanatisme de ces prêtres, qui ne cessèrent pendant tout le cours du siècle de réclamer l’exécution des édits, se vit réduit au rôle de modérateur ; il dut se borner à adoucir des excès dont sa politique méticuleuse n’osait tarir entièrement la source. Les registres le montrent mettant un frein à la police insupportable que s’arrogeaient les curés du Languedoc, les empêchant de casser à leur gré les mariages du désert, et arrêtant les atroces exécutions où les plus viles populaces de France vengeaient sur les cadavres des huguenots leur attachement à une foi proscrite. Cette lutte entre des administrateurs et des prêtres, entre le conseil de l’intérieur et celui de conscience, se prolongea pendant tout le reste du xviiie siècle ; la victoire de l’un ou de l’autre décidait du repos ou du malheur des églises. Cette position donne la clé des mesures si vagues et si futiles que prit la régence en faveur des réformés ; elle explique parfaitement comment les espérances que les églises s’étaient faites du nouveau gouvernement ne purent se réaliser ? Elle motive complètement ce jugement d’un historien impartial, jugement auquel il n’y a rien à ajouter : « S’il s’agissait de juger la part qu’eut la régence dans la destinée des religionnaires, on dirait que manquant de fixité dans ses principes et d’accord entre ses agents, elle fit un peu de bien, un peu plus de