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histoire.

mal, et ne répara aucun des maux passés. » (Lemontey.)

Cependant le cardinal Dubois ne les avait point persécutés. Lorsqu’il obtint le chapeau de cardinal qui lui coûta ses trésors et la vie, lorsqu’il se couvrit moribond de cette pourpre de prince de l’église, qui a rendu tant d’hommes d’état esclaves de Rome, sa mort trop prompte l’empêcha d’offrir la proscription redoublée des protestants en hommage au saint-siège. Peut-être même cet esprit habile et posé n’eût-il jamais commis pareille faute d’administration. Vers la fin de la régence, deux influences bien opposées, donnèrent un peu de relâche aux églises ; l’une fut la suite de l’abandon de toute illusion, quant à la protection et à la justice qu’elles avaient espéré du nouveau gouvernement ; l’autre fut la conséquence de l’affreuse peste de Marseille, qui absorbant l’attention de la cour et effrayant la Provence et le Languedoc, agit comme une trêve de mort dans les poursuites d’une si persévérante intolérance. La pitié profonde excitée dans toute l’Europe par ce fléau ne fut nulle part plus profondément sentie que dans les provinces étrangères que la persécution avait peuplées de réfugiés. Un pathétique sermon de Saurin prononcé à La Haye développe les jugements du Dieu des vengeances en la peste qui ravageait l’ancienne patrie de l’orateur. Ce ministre aussi patriote qu’éloquent ne manque pas de faire remarquer, que les populations sur lesquelles le fléau s’appesantissait, étaient les alliés, les frères, les compatriotes des réfugiés, unis avec eux par les liens les plus tendres (Sermon pour le Jeûne de 1720). Une autre peste, qui cette fois avait franchi les cordons, celle du commerce des actions de Law, est également conjurée dans ce discours énergique.