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des églises du désert.

duc du Maine et le comte de Toulouse, s’éteindre dans les honneurs sous lesquels le feu roi avait déguisé le scandale de leur naissance ; mais, le duc de Bourbon entraînant avec lui ses jeunes frères, le prince de Conti et le comte de Charolais, poursuivait avec fureur la dégradation des légitimés. Voici le portrait que Lemontey donne du duc de Bourbon : « Le bel héritage de gloire laissé par le grand Condé à sa famille n’y avait pas été recueilli. À deux princes affligés de manie succédait un jeune homme farouche, d’une intelligence grossièrement ébauchée, d’un aspect hideux depuis qu’il avait perdu un œil, et brutal dans ses haines comme dans ses amours. » (Vol. i, ch. vi.) Aussi ce prince, qui vint renchérir encore sur le code persécuteur de Louis XIV, était cependant le même qui, sous la régence, voulut forcer le maréchal de Montesquiou à quitter un nom porté par celui qui assassina le premier prince de Condé sur la sanglante plaine de Montcontour. Cet esprit aussi borné que vaniteux ne vit donc pas que la plus digne manière d’honorer les cendres du héros calviniste, c’eut été de laisser respirer les protestants.

Le duc de Bourbon atteignit le faîte du pouvoir dès que le roi d’Espagne, en remontant sur le trône par l’ordre de ses jésuites, eut dissipé les craintes que son abdication prématurée avait soulevées à la cour de France. Le premier soin du chef de la maison de Condé, dont Mme de Prye devint la duchesse de Maintenon, fut de se constituer fortement en place et d’entreprendre des réformes multipliées pour flatter la cour, ou pour se concilier le peuple écrasé par les traitants. L’aristocratie eut sa part en de très-nombreuses promotions au cordon bleu ; sept maréchaux de France furent nommés en pleine paix. En élevant