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histoire.

à cette dignité le duc de Roquelaure et le comte de Medavy, on eût dit que Monsieur le duc voulût décorer les auteurs des dragonnades languedociennes et dauphinoises, que ces courtisans avaient dirigées contre les églises après la mort de Louis XIV. Il voulut tout régler. Les finances, la mendicité, le code contre le vol, le code noir, dont d’Aguesseau tenta vainement d’adoucir l’horreur, portèrent les marques de l’inhabileté de Monsieur le Duc et du garde des sceaux Fleuriau d’Armenonville. Il était facile de croire que sous un tel maître, l’esprit de l’ancien conseil de conscience, comprimé par le sens droit du duc d’Orléans et de Dubois, romprait bientôt toutes les bornes. Ce fut ce qui arriva. Il est vraisemblable que Monsieur le Duc, qui apportait en tout la plus incroyable légèreté, voulut régler, ou du moins voulut laisser régler d’un coup tout ce qui regardait l’état des dissidents réformés, et que ce fut cette manie qui l’emporta au point de promulguer le fameux édit dont rien ne semblait motiver les rigueurs extraordinaires. S’il est plus que probable qu’il n’eut pas l’initiative de cette loi désastreuse, tous ses actes attestent qu’il dut subir docilement les influences diverses qui la lui dictaient.

En effet, parmi les prélats les plus ambitieux et aussi les moins austères, figurait Lavergne de Tressan, ex-aumônier de Philippe, qui était devenu évêque de Nantes et secrétaire du conseil de conscience. Il avait pour collègue le cardinal de Noailles, et il avait été témoin des efforts inouis de Rome pour faire abjurer le jansénisme au premier pasteur de Paris. Il avait vu la pourpre de l’Église récompenser le zèle du cardinal de Bissy pour la même cause, comme plus tard elle alla décorer la vie scandaleuse de l’abbé de Tencin.