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des églises du désert.

veillantes, nous sommes à même de les réfuter par nos pièces, et c’est un devoir de notre sujet. Un des membres genevois du comité, ami des protestants, ne les avait pas ignorées : « Ces secours pécuniaires, dit M. de Vegobre, que les protestante français recevaient des étrangers, n’ont jamais été accompagnés, à l’époque même des guerres les plus animées, d’aucune réquisition, d’aucune offre, d’aucune mention, en un mot, de services politiques que les protestants de France pouvaient, par leur position, rendre aux ennemis de l’État, ou simplement aux étrangers.

    secret dont je n’avais jamais ouï parler, dit le prélat, et je ne puis comprendre comment il est venu à votre connaissance. Ce n’est apparemment que le bon Dieu qui l’a fait parvenir jusqu’à vous pour le bien de la religion. » Voici maintenant les découvertes de l’évêque, qu’il transmet au père Lenfant ; on y verra un tableau assez exact du séminaire de Lausanne. « Il existe à Lausanne un séminaire distinct en tous points de l’Académie qui est pour les Suisses. Là se trouvent vingt ou vingt-quatre Français protestants, qui doivent avoir des églises dans leur pays. Ils y restent trois ans, font des cours de morale, philosophie, théologie, Écriture sainte, sous des professeurs distincts de ceux de l’Académie, sans en porter le titre. Les uns sont consacrés par ces maîtres en chambres privées ; les autres, après avoir été examinés et après avoir obtenu un acte de capacité, surtout les Languedociens, retournent chez eux et sont consacrés et prennent les ordres des mains mêmes du Synode de la province. Un comité de sept à huit personnes, laïcs et ecclésiastiques, souvent les plus comme il faut de la ville de Lausanne, soignent les personnes, mœurs, intérêts de ces jeunes gens, les placent eux-mêmes en diverses pensions, et leur donnent environ 40 ou 36 livres de France par mois. Ils ne disent point d’où ils tirent tous ces fonds et gardent un profond secret. M. de B, (Bottens), qui en était jadis chef, dit un jour à un de ces jeunes Français, qui lui demandait d’où provenait cet argent : Que vous importe, pourvu que vous l’ayez régulièrement ? Voilà quelques renseignements sur cet établissement auquel la France réformée doit peut-être plus de deux cents pasteurs, et qui est à Lausanne sans nulle approbation ni protection du canton, qui ne s’en mêle point, n’en demande aucun compte et est censé en ignorer l’existence. » Conçoit-on que le jésuite Lenfant ait déduit de cette confidence la conclusion, qu’il ne fallait point souffrir en France de sujets protestants, ni à plus forte raison des séminaires français ?