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histoire.

faiblesse mélangée de rigueur peut seule faire concevoir les événements qui se passèrent bientôt au sein des églises réformées. Leurs malheurs arrivèrent par secousses et par saccades, selon la disposition des intendants, la sévérité des parlements, et les intrigues du clergé, qui ne cessa d’invoquer l’exécution intégrale des édits. Sans doute un zèle exagéré de conversion trompait les prêtres sur l’injustice d’une législation si éloignée de l’esprit de l’Évangile. Quoi qu’il en soit, il y eut vers ce temps un relâchement sensible 1730-1744.dans les mesures de vigueur.

Après l’exécution du ministre A. Roussel à Montpellier, en 1728, quatre ans s’écoulèrent avant qu’un tragique événement de ce genre ne se renouvelât. Ce n’était point toutefois que des condamnations aux galères perpétuelles, des amendes et des confiscations de tous genres, ne fussent très-souvent décernées contre des réformés coupables d’un simple acte de zèle pour leur culte. À cette époque, le Conseil d’état, siégeant à Versailles, décida que la dame de Tremond, d’Uzès, serait punie suivant la rigueur de la déclaration de 1724, art. 8, 9 et 11, pour avoir donné asile chez elle à un soldat du régiment d’Eu, et avoir contribué à l’affermir, dans sa dernière maladie, à mourir protestant ; Louis XV ordonna aussi qu’il serait fait procès à la mémoire du soldat (Extr. du reg. du Cons. d’état. Mss. P. R.), poursuivant ainsi la 1737.
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conscience jusqu’au-delà du degré où toute juridiction humaine s’arrête.

Mais des mesures de ce genre, qui se répétaient souvent et sous toutes les formes qu’une jurisprudence ingénieuse et alliée aux intérêts du fisc pouvait suggérer à la chicane, n’infirmaient point le fait général d’un adoucissement dans l’application des lois