que les églises du désert s’occupaient à donner aux
chants plus de solennité et plus de justesse : « Dieu
ayant suscité un nombre considérable de musiciens
pour enseigner la musique à la jeunesse dans les
églises sous la croix, et y ayant eu quelque peu d’émotion
parmi eux, à cause du peu d’ordre qu’ils ont
tenu et de l’irrégularité de la conduite de quelques-uns,
l’assemblée synodale a jugé à propos, pour
maintenir l’ordre, de charger les pasteurs d’appeler
les susdits musiciens pour les exhorter et les censurer. » (Syn. prov. Mss. P. R.)1734.
5 mai.
Toutes ces mesures attestent que la persécution tendait à devenir moins vive. L’ordre établi dans le culte, la sagesse des restaurateurs de la discipline, leur haute prudence, le soin avec lequel ils combattaient le fanatisme, et surtout la peine qu’ils se donnaient pour tout pacifier et pour éteindre les cendres encore fumantes de la guerre des Cévennes, paraissent avoir frappé l’attention des intendants et par suite celle de la cour. La déclaration de 1724 et toutes ses dispositions d’une si cruelle minutie, étaient évidemment inexécutées ; il est vrai qu’elle était inexécutable, sans une proscription horrible, qui eût indubitablement fait reprendre les armes aux descendants des Camisards. Déjà, vers cette époque, commence un usage bizarre de la cour, dans ses rapports avec ses sujets protestants, qui était de nier leur existence, d’une part, et de l’autre part, non seulement de la reconnaître, mais de tolérer tacitement les assemblées. Dès cette époque on voit se dessiner la pratique gouvernementale, de laisser en vigueur une législation effroyable, et puis de l’adoucir considérablement dans la pratique : politique malhabile et cruelle, qui ne comportait ni le despotisme ni la liberté. Cette