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nistère de la justice jusqu’au milieu du xviiie siècle. Les gardes des sceaux Voyer-d’Argenson et Fleuriau d’Armenonville n’avaient fait que d’assez courtes apparitions à ce département, si grave pour l’administration des églises. Le garde des sceaux Chauvelin exerça ces fonctions de 1727 à 1737, jusqu’après la conclusion du traité de Vienne, pour les conditions duquel on l’accusa de s’être laissé séduire par les faveurs impériales. La véritable cause de la disgrâce de ce magistrat fut ses alliances menaçantes avec le parti des Condé. Aussi le garde des sceaux Chauvelin fut exilé sans retour. L’esprit parlementaire reçut une grave atteinte par sa retraite, et le cardinal de Fleury, privé du secours d’un homme actif et aussi rompu aux affaires, d’une part prit chaque jour plus d’ascendant sur le jeune roi, et d’autre part, favorisa tous ses goûts dévots. On vit Louis XV, qui déjà était tombé sous le joug voluptueux de la comtesse de Mailly, venir assister cependant au service solennel 1738.de Louis XIV à Saint-Denis, et célébrer la fête séculaire du vœu de Louis XIII avec plus de pompe que jamais. Toutefois le premier ministre se rapprochait du parti 1739. des jésuites ; par le mariage de la fille aînée de son maître avec l’infant don Philippe d’Espagne, il renoua l’alliance de la France avec cette couronne catholique. L’influence de d’Aguesseau, qui succéda au garde des sceaux Chauvelin, ne put neutraliser tout à fait la décadence de l’esprit parlementaire que le régent avait flatté un moment, ni le progrès nouveau que faisait la cour vers une dévotion mêlée de licence. Toutefois, on s’aperçoit que d’Aguesseau tenait la balance de la justice ; on admire ses belles ordonnances sur le droit civil ; cependant c’est à la couleur des instructions qu’il donnait au parquet des parle-