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des églises du désert.

capables de leur succéder, sauf à eux à se représenter par devant tous leurs curés pour faire réhabiliter leurs prétendus mariages, » (Arr. de la ch. des vac. du 23 sept. 1745, qui condamne divers. part. accus. de contrav. aux édits et déc. du roi concern. la relig. prét. réf., 8 p. p. Mss. P. R.)

De pareils traits rapprochés du langage conciliant de l’intendant de Tourny, font voir combien le sort des réformés était livré à des caprices cruels. Le caractère personnel des intendants et des gouverneurs eut souvent à lutter contre les tendances des parlements, et surtout contre celles du clergé. Ces pouvoirs, animés l’un contre l’autre d’une inimitié héréditaire, poursuivaient cependant comme une théorie inflexible la fondation de l’unité religieuse, tandis que les commandants civils et militaires, à qui le maréchal de Villars avait donné un bel exemple en pacifiant les Cévennes, étaient bien mieux en mesure d’apprécier les difficultés administratives, les obstacles de la pratique. De plus, tout nous porte à croire que quelques sentiments d’équité dirigèrent leur conduite ; en effet, nous verrons bientôt que des rangs de la haute magistrature, il s’éleva quelques voix éloquentes qui ne purent déguiser les abus d’une législation si cruelle, et qui démontrèrent combien elle était peu propre à accomplir l’objet qu’elle poursuivait depuis si longtemps.

La position des églises et le sort des fidèles cette1745. même année, furent mis sous les yeux de Louis XV par un placet dont la présentation avait été résolue au synode national de l’année précédente. Les réformés saisirent l’occasion de la maladie subite et du prompt rétablissement du roi à Metz, pour adresser une supplique remplie de protestations de soumission