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histoire.

racontent des événements qui viennent de frapper les yeux et l’imagination du peuple. Tout atteste qu’elles sont du temps des catastrophes qu’elles chantent. D’ailleurs, plusieurs d’entre elles sont datées, l’une, celle de François Lafage, pasteur, est positivement attribuée au prédicateur Lapierre, qui accompagnait toujours son collègue dans les courses pastorales qui finirent par lui coûter la vie ; une autre, celle de François Benezet, porte cette note : « Cette complainte se composa au mois d’avril 1751 ; on ignore qui en fut l’auteur. » Au reste, on peut admettre que le peuple ne fait guère de complaintes longtemps après que les événements sont accomplis. Ce genre de composition paraît être essentiellement d’une date contemporaine des faits.

De telles compositions n’ont rien qui répugne à la sévérité de l’histoire, surtout si l’on songe aux caractères de celle-ci ; nous sommes toujours en présence d’églises prohibées, en présence d’un culte proscrit, et de ministres qui ne pouvaient l’exercer qu’au péril de leur tête. Les documents imprimés manquent donc totalement. Ce ne fut que plus tard que les églises du désert risquèrent, et encore bien rarement, de publier au milieu d’elles, dans une circonstance très-pressante, quelque court pamphlet défensif. Nos collections de manuscrits prouvent qu’il se tenait alors des écritures régulières concernant les affaires synodales et ecclésiastiques des églises ; elles attestent aussi l’abondance de la correspondance ; cependant il y a toute apparence qu’on dut se borner aux pièces indispensables et qu’on s’est gardé de multiplier sans motif les actes. Ils auraient pu servir de pièces de conviction dans des procès rigoureux. Nous verrons que des fragments et que des notes synodales furent pro-