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des églises du désert.

duites contre les pasteurs du désert dans plusieurs cas où des condamnations à mort furent prononcées et exécutées. D’autre part les livres protestants étaient sévèrement prohibés ; leurs détenteurs ainsi que ceux qui se livraient à ce commerce, étaient exposés à la flétrissure et aux galères. Ainsi, la situation des églises du désert, toujours florissantes mais toujours poursuivies, ne comportait ni livres imprimés ni documents manuscrits. Cette pénurie, née des persécutions, est justement ce qui fait l’honneur et l’originalité de leur histoire ; mais aussi elle a rendu les documents très rares. Toutes les sources de renseignements sont donc précieuses. Les ballades ou complaintes populaires peuvent être utilement consultées. Elles seraient déjà intéressantes comme monuments des idées et de la foi populaire, et jusqu’à un certain degré, comme les restes du style du temps ; elles le sont bien plus encore, comme monuments d’une cause si rigoureusement proscrite et poursuivie, et comme les débris de ce que des lois barbares cherchaient à étouffer de tant de manières. Ces complaintes, comme source historique, ont donc tout le caractère d’un chant populaire et secret en faveur des victimes. Il ne faudrait pas toutefois s’exagérer l’autorité de ce genre de ressources. Elles sont populaires, et par conséquent elles ne sauraient être parfaitement authentiques. Il est difficile que les faits n’y aient été grossis. Mais ils auront été embellis plutôt qu’altérés ; on y trouvera des ornements et non des mensonges. C’est là le caractère de la complainte populaire. On devra s’y fier pour les choses générales, et non pour les faits de détail. Elles auront toujours pour nous le mérite de nous laisser voir fidèlement ce que l’on pensait alors chez le peuple touchant les événements