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des églises du désert.
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laquelle il subirait un supplice injuste[1]. Sur le chemin de la place de Die, il entonna ce verset du psaume cxviii, et le répéta plusieurs fois.


La voici l’heureuse journée
Qui répond à notre désir ;
Louons Dieu, qui nous l’a donnée,
Faisons-en tout notre plaisir.


Plusieurs fois il voulut parler au peuple, mais deux tambours couvrirent sa voix par leurs roulements. Sans prêter l’oreille aux exhortations de deux jésuites qui l’accompagnaient, et tenant sans cesse ses yeux fixés vers le ciel, il ne laissa voir que l’expression de la piété la plus résignée et la plus fervente. Au bas de l’échelle il se mit à genoux, fit sa prière et monta avec courage. Dès qu’il eut cessé de vivre, l’exécuteur sépara la tête du cadavre pour l’exposer sur le chemin de Livron. On n’ose croire, quoique tous les documents l’attestent, que M. d’Audifret, commandant du Diois (pays de Die, actuellement département de la Drôme), et le grand vicaire de l’évêque, ne s’opposèrent pas à ce que le corps fût outragé indignement par la populace. Les mêmes pièces rapportent que ce ne fut que par les soins généreux et chrétiens d’une respectable dame catholique que ses restes reçurent la sépulture[2]. Ainsi

  1. Mém. histor de 1744.
  2. Ce fait déplorable est attesté dans le Placet au roi, et mémoire de Plaintes, que nous possédons (in-folio, 4 3 p. mss. P. R.), qui fut adressé au chancelier pour être mis sous les yeux de Louis XV, en décembre 1746, et qui contient, touchant les malheurs des églises, 1745-1746, une longue série de faits nécessairement fort authentiques, attendu que toujours les arrêts et très-souvent les noms des victimes y sont cités, et que toute imposture dans un mémoire officiel eût été facile à démasquer et eût nui aux plaignants. Dans les Mémoires de plaintes, l’exagération peut porter sur les réflexions générales, mais non sur les faits avec les jugements à l’appui.