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histoire.

gime intérieur de la France. Il fut très-longtemps (1725-1749) ministre de la marine ; il tenait aussi un ministère plus privé, le portefeuille de la cour et de Paris. Marmontel l’a dépeint sous les traits d’un brillant égoïste, à l’esprit caustique, doué d’une rare sécheresse de cœur. Nous le verrons reparaître au pouvoir dès les premières années de Louis XVI, après avoir été disgracié par Louis XV, en 1749, à cause d’une épigramme de mauvais ton contre une royale favorite. Il resta, comme on le voit, au poste de secrétaire d’État, au moment de la plus vive persécution des églises du désert. Elles eurent la malheureuse fortune de souffrir beaucoup sous des ministres intimement liés avec les plus brillants philosophes du jour ; car le comte de Maurepas avait reçu, en 1740, les célèbres vers légers de Voltaire ; il fut toujours intimement lié avec Montesquieu ; mais il ne paraît pas que l’ambitieux et docile courtisan eût jamais sérieusement médité l’ingénieux apologue de l’Esprit des Lois sur la tolérance, où le sage de la Brède immole l’inquisition aux arguments de la jeune juive de Lisbonne.

Mais le secrétaire d’État, dans le ressort duquel les églises réformées figuraient plus spécialement à cette époque du règne de Louis XV, ce fut le comte de Saint-Florentin, homme d’un esprit étroit, peu lié avec les philosophes, mais très-actif comme administrateur[1]. Il doit lui revenir une large part de la

  1. Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, fils du marquis de la Vrillière, né en 1705, succéda à son père dans le département des églises en 1725, et se démit de tous emplois en juillet 1775 ; ministre pendant cinquante-deux ans. Les mémoires du temps prétendent qu’il touchait annuellement un fort subside sur la caisse générale du clergé, en récompense du zèle qu’il montrait à réprimer les assemblées du désert ; ils ajoutent que ces fonds ser-