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des églises du désert.

milieu de si constantes persécutions, les églises du désert ne cessaient de prendre des mesures de discipline religieuse, empreintes du plus admirable sentiment de résignation et des pratiques de la plus fervente piété. Nous trouvons plusieurs traces de cet esprit dans les délibérations du haut Languedoc, dans l’année qui suivit les terribles persécutions de 1745 ; six mois seulement après le massacre de Vernoux, un colloque de la province, formé de trois pasteurs et de vingt-cinq anciens, « attendu que Dieu punissait l’Église, à cause de ses péchés, que les fidèles étaient condamnés ou emprisonnés, que les exercices étaient interrompus, » résolut qu’il serait célébré un jeûne solennel, le 18 août 1746, en y ajoutant cette disposition spéciale : « Nous préférons un jour ouvrier à un dimanche, afin de manifester au public que nous sommes touchés de la froissure de Joseph. » On prit aussi des mesures, vu la gravité des circonstances, tendant à fractionner les églises de la montagne, pour diminuer le danger et la chance des surprises ; enfin, les condamnés ne furent pas oubliés par leurs frères. « L’assemblée a résolu d’envoyer incessamment une subvention aux gentilshommes de la comté de Foix, condamnés aux galères pour cause de religion, laquelle sera collectée dans toutes les églises du haut Languedoc » (art. 4). Rien de plus touchant que la lettre circulaire que le pasteur Michel Viala écrivit aux églises de la province de la haute Guyenne, pour leur annoncer cette délibération, prise en présence du martyre. Voici quelques fragments de cette espèce de mandement émané d’églises qui enduraient de si grands maux : « Nous ne croyons pas nécessaire, nos très-chers frères, de mettre dans un plus grand jour les motifs qui ont déterminé notre assemblée collo-