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soumission aux lois, non seulement par la crainte des châtiments, mais aussi par des motifs de conscience ; que les révolutions de l’Europe n’avaient pu rien changer à leurs maximes ; qu’il ne se passait rien dans leurs assemblées qui tendît le moins du monde à troubler la paix publique ; qu’ils ne connaissaient aucun protestant capable de se joindre aux armées anglaises ; que l’esprit de vengeance et le zèle indiscret étaient bannis de leurs sociétés religieuses ; qu’enfin, si, contre toute apparence, il se trouvait dans leur cercle quelques malintentionnés assez audacieux pour lever l’étendard de la révolte, les pasteurs seraient les premiers à les réprimer. Ces sages et patriotiques protestations eurent tout le succès désirable. Il est même probable que pour Lenain, qui administrait depuis longtemps le Languedoc et qui connaissait l’esprit des églises du désert, elles furent à peu près superflues.

On peut supposer, non sans vraisemblance, qu’il imagina cette voie pour frayer la route à une autre demande plus étrange, où se peint d’une manière frappante et tous les embarras de la cour et toute la bizarrerie des mesures de l’administration envers les protestants. Peu après les réponses des pasteurs, nous voyons le même agent protestant de l’intendant Lenain remercier en son nom les ministres de leurs réponses, et ajouter ce nouveau conseil : « Il faut lui marquer les forces en hommes que vous pourriez conduire ici auprès de Sa Grandeur, en cas que les Anglais fissent une descente. Voilà mot à mot ce dont il m’a chargé ; à quoi je n’ajoute ni ne diminue rien. » (Mss. Cast. Fragment de la Lettre du sieur Amiel, 24 nov. 1746.) En exécution de cette demande inattendue, un colloque s’assembla dans le haut Lan-