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des églises du désert.

sonder leurs sentiments, et prendre de chacun une lettre qu’il faut qu’ils écrivent à M. Lenain, pour lui apprendre ce qu’ils pensent là-dessus, ce qu’ils prêchent au peuple, et notamment, qu’ils n’ont avec les Anglais aucun commerce, directement par des émissaires, ni par correspondance, en supposant, comme je le crois, que cela est sûr ; au contraire, qu’ils prêchent au peuple la patience, la paix, une parfaite obéissance à notre bon roi, et que dans tous les temps, surtout dans une descente anglaise comme celle qui vient d’arriver en Bretagne, les protestants seront les premiers à prendre les armes et à s’exposer à perdre leurs vies et leurs biens pour le maintien de la couronne de France, etc. Toutes ces lettres étant faites et ramassées avec précaution et sans bruit, vous aurez la bonté de me les envoyer par la poste, ou à mesure que vous passerez dans chaque département, en les accompagnant d’une des vôtres, que vous devez signer et faire d’une manière que je puisse communiquer à monseigneur l’intendant, et celui-ci à la cour. Ce qui ne peut que vous faire et à moi un honneur infini. Ne soyez ni paresseux, ni timide ; vous marchez sur des ordres souverains, et je vous garantis de tout sur ma tête, m’obligeant encore de vous payer en mon propre tous les frais de cette course, quoi qu’ils puissent coûter : mais ne vous livrez pas aux particuliers, à moins que vous n’eussiez absolument besoin d’eux, et que vous ne soyez sûr de leur discrétion. Quittez toutes affaires, et rendez-vous incessamment auprès des ministres ; l’affaire presse ; elle est de la dernière conséquence à tous égards. Je m’en rapporte au surplus à votre prudence ; mais je dois vous observer que, dans les lettres que les ministres écriront, qu’il n’y ait point de fatras ni de