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histoire.

qu’il y resta pendant deux années, et qu’après sa consécration il fut nommé pasteur de l’église de Nîmes vers 1743, fonction qu’il n’abandonna plus jusqu’à sa mort, en 1795, après un ministère de plus d’un demi-siècle, c’est-à-dire après cinquante années du pastorat le plus difficile et le plus dangereux[1]. Au temps des persécutions religieuses, il ne fut pas incarcéré une seule fois ; on eût dit que la Providence veillait d’une manière spéciale sur la sûreté de ce

  1. Il reste de l’incertitude sur les premières années, et sur le premier ministère de Paul Rabaut. Nous avons préféré donner ici quelques dates authentiques au lieu de répéter des détails que nous considérons comme douteux. Chose singulière, il y a beaucoup de confusion dans les dates de la vie de Paul Rabaut, telles que nous les rapporte son troisième fils, Rabaut Dupuis, Répert. ecclés. des égl. réform., 1807, p. 88. Il y est dit que Paul Rabaut était allé étudier à Lausanne, et qu’il avait reçu la consécration à la fin de 1739 ; nos pièces prouvent qu’en 1740 il n’était pas encore parti pour le séminaire suisse. Nous avons une lettre très-intéressante du pasteur Antoine Court à Paul Rabaut (Mss. P. R.) du 7 mars 1740, écrite de Lausanne, où il y a ce passage : « Un article qui m’a fait un grand plaisir, c’est que vous pourrez venir ici bientôt. Je l’ai demandé pour vous et je l’ai obtenu. Il ne s’agit que d’attendre qu’un des jeunes me-sieurs qui sont ici soient partis, et cela sera, pour la plupart ce printemps. Ainsi vous pouvez déjà prendre vos mesures et commencer à faire votre malle. Je me félicite par avance de l’heureux moment qui me procurera le plaisir de vous connaître et de vous dire de vive voix une partie des choses que je sens pour vous, aus-i bien que vous offrir tout ce qui sera en mon pouvoir et qui pourra vous être utile. « Il est impossible, d’après ce témoignage certain, qui prouve qu’en 1740, Antoine Court n’avait pas fait la connaissance de Paul Rabaut, d’admettre ce qui a été répété dans toutes les notices, que le premier choisit en quelque sorte le jeune proposant du désert chez son père, à Bédarieux, et qu’il se fit accompagner par lui dans toutes ses courses périlleuses de 1728. On ne peut concilier ces détails avec la lettre originale que nous possédons. (Voy. Notice biographique sur Paul Rabaut, Archives du christianisme, juillet, 1826.) Nous pensons plutôt que les deux pasteurs ne se virent qu’en Suisse, à la fin de 1740, et que leurs premières relations furent des relations épistolaires où Antoine Court chargeait le jeune proposant de recueillir des documents pour l’histoire des Camisards qu’il projetait, et qui ne fut publiée par lui et par son fils qu’en 1760.