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des églises du désert.

digne serviteur. Il est seulement certain que, dès l’année 1740, c’est-à-dire dès l’âge de vingt-deux ans, Paul Rabaut se montra déjà fort actif dans le grand ouvrage auquel il consacra sa vie entière. Vers cette époque, quelques sociétés de réformés, surpris à chaque instant par les invasions des soldats, déclarèrent hautement aux pasteurs du bas Languedoc qu’ils n’iraient plus aux assemblées que bien armés, et que, si on prétendait les empêcher d’user de cette précaution, ils s’abstiendraient d’y paraître. Ce fut cette alternative très-déraisonnable que le jeune Paul Rabaut condamna très-vivement, et qui lui valut cette haute approbation d’Antoine Court : « Autant que je suis affligé de l’indigne manœuvre de cette impie et profane jeunesse, qui s’oppose aux saintes assemblées, autant suis-je édifié de la conduite que vous avez tenue dans l’occasion dont vous me parlez. Continuez à vous conduire de même, ou plutôt évitez avec soin tous les endroits où de pareils événements pourraient encore arriver ; mais n’oubliez rien pour ramener, s’il est possible, avec toute la douceur dont vous êtes capable, ceux qui sont dans des idées si contraires à l’esprit de l’Évangile, qui les approuvent ou qui les fomentent, et Dieu veuille bénir tous les soins que votre zèle vous fera prendre, et Dieu veuille aussi bénir votre chère personne, et la garantir de tous les dangers qui la menacent. » (Mss. P. R. Lettre à M. Paul.) Antoine Court avait, sous tous les rapports, le droit d’adresser ces conseils et ces directions paternels au jeune proposant du désert ; il avait beaucoup contribué à ouvrir et à féconder le champ où, pendant cinquante années, Paul Rabaut allait marcher d’un pas si ferme. Il faut se rappeler que tous ces pasteurs de la renaissance, c’est-