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histoire.

et presque collègue de Vivien, à voir l’exécution du vieillard, à être marqué, et ensuite « à servir Sa Majesté comme forçat sur ses galères à perpétuité », pour avoir assisté à une assemblée de religionnaires, « et pour y avoir fait le métier de bedeau en faisant ranger le peuple. » Ce n’est pas tout encore en ce qui touche cette assemblée d’Artouan ; plusieurs autres protestants furent condamnés à la marque et au bannissement temporaire pour avoir assisté à l’assemblée « et pour avoir travaillé à la chaire du prédicateur. » Les deux coupables menuisiers étaient Pierre Gaillot et Manceau, de Marennes ; le bedeau se nommait Louis André, marchand de Saint-Just. Tels furent les condamnés par les arrêts de l’intendant Barentin, arrêts qui méritent, sous tous les rapports, de parvenir à la postérité[1]. Le Poitou fut aussi très-mal traité dans ces années désastreuses. L’intendant de Poitiers, M. de Beaumont, condamna et fit exécuter, par arrêt du 18 juillet 1750, à Poitiers, Jacques Boursault, protestant, pour avoir tenté de retirer des mains de la maréchaussée Jean Perochon, un de ses amis, que le même jugement condamne aussi à mort comme contumace. Dans le bas Poitou, des cavaliers, envoyés contre les assemblées par l’intendant, commirent de tels excès à Montcoutan, diocèse de La Rochelle, que les habitants prirent le courage de s’en plaindre par un placet à M. de Chabannes,

  1. Les intendants de ces provinces devaient être fort affairés ; nous voyons (Mém. hist. de 1752, p. 124), que le chevalier Lenain, non content de sévir de toutes les manières contre les protestants et leurs ministres, est obligé, par ordonnances rendues à Montpellier, 27 avril et 26 octobre 1748, de condamner au bannissement et à l’amende honorable deux personnes de Castres et d’Uzès « pour avoir abandonné la religion romaine et embrassé la protestante. »