commandant la province[1]. Plusieurs personnes furent tuées ou blessées. Des ordres venus du ministère empêchèrent la continuation de ces sanglantes promenades contre les assemblées.
Nous ne parlerons pas des indignités exercées, d’après
les dispositions des édits, contre les cadavres
des protestants qui avaient repoussé les sacrements
de l’église catholique. Nous en dirons un mot parce
que ces tentatives affreuses font mieux apprécier, que
les autres condamnations, le véritable et bizarre esprit
de ce temps dans les provinces méridionales de la1749.
10 avril.
France. Un protestant, Daniel-Étienne La Montagne,
était mort à Cadenet, en Provence ; ses coreligionnaires
l’inhumèrent pendant la nuit ; il y eût une
émeute horrible qui alla déterrer ses restes. Le magistrat
de Cadenet ne put s’empêcher de verbaliser.
Claude Cabanis, d’Alais, négociant d’un grand mérite1749.
14 juillet.
et d’une grande considération, mourut subitement
à Lavaur ; la populace s’enflamme et s’attroupe
encore ; cependant, par la protection de la maréchaussée,
l’inhumation a lieu ; mais bientôt les pénitents
blancs de Lavaur, sous le prétexte frivole que ces
restes maudits reposent trop près de leur église, enflamment
de nouveau la populace ; cette fois le cadavre
est outragé ; les archers accourus font lâcher
prise à ces furieux, et, sous la protection des troupes,
enfin ces restes sont rendus à la terre. Il y eut même
- ↑ On est frappé du ton de vérité et de la naïveté des plaintes de ces pauvres protestants de la Javelière, paroisse de Montcoutan, bas Poitou. Ils se représentent dans leur mémoire « comme ayant déménagé leurs maisons, abandonné leurs fabriques de petites étoffes, leurs bœufs, leurs charrues, toutes leurs affaires, et prêts à passer dans les pays étrangers pour y chercher un repos qu’ils ne trouvaient point dans leur patrie ; en attendant, ils erraient dans la campagne et couchaient en plein air. » (Mém. de 1752, p. 137.)