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avaient pris pour relever la tête était celui de la maladie du roi et du plus fort de la guerre des droits de Marie-Thérèse. À cela se joignait le soupçon, réel ou affecté, de menées avec les ennemis de la France, et même de quêtes destinées à propager la révolte et l’invasion. L’affiliation synodale du régime presbytérien calviniste paraît aussi avoir alarmé l’administration. Elle ne sut pas s’instruire par l’exemple de l’église d’Écosse surtout, de la Hollande et de la Suisse, où le lien synodal existe, sans créer le moins du monde un État dans l’État. Le mystère des réunions protestantes était commandé par l’intolérance et aussi l’entretenait. Ce mot de désert avait à lui seul quelque chose d’inquiétant pour l’ordre public. La définition même que les pasteurs en donnaient ne laissait pas que d’offrir quelque prise aux appréhensions de leurs ennemis ou au moins d’une cour ombrageuse : « Le désert est un mot vague dont les protestants se servent pour cacher les véritables lieux d’où ils écrivent, et pour désigner en général leur église persécutée. » (Mém. hist. de 1744-) Pour peu qu’on y mette de la bonne volonté, on trouve toujours le moyen de noircir ce qui est vague. Souvent aussi les assemblées se tenaient de nuit et sans éclat, dans des bois ou dans des lieux très-écartés. On se réunissait dans des trous de rochers. Quelquefois, lorsque les assemblées devaient être fort petites, et surtout dans la saison d’hiver, on s’assemblait dans les huttes, qui signifient, en dialecte du pays languedocien, de petits hangars en bois, destinés à serrer la récolte provisoire de raisin, et qui figurent souvent au milieu des vignobles du bas Languedoc. Ces huttes, ainsi que les granges, furent souvent rasées par l’ordre des intendants et les cavernes murées. Mais ces tristes cachettes don-