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des églises du désert.

reuses, on laissa faire les baptêmes, les mariages et même les enterrements nocturnes. Les procès à la mémoire furent plus rares encore ; ils furent toujours un objet d’horreur pour les catholiques. On prononça toutefois beaucoup d’amendes réglées contre les églises du désert ; ce fut un article que les intendants abandonnèrent très-tard. La lumière pénétra difficilement au travers de ces préjugés lucratifs. Enfin on prononça foule de condamnations à la prison et aux galères ; mais la grande majorité ne furent pas exécutées. Ici, nous pouvons déduire de nos pièces nombreuses concernant les galères et les condamnées de la tour de Constance, des conclusions singulières, parce qu’elles sont à la fois fort tristes et un peu consolantes.

Le pasteur Antoine Court, dans son Mémoire historique de 1752 (p. 92) estime, depuis l’an 1744 à cette époque, le nombre des prisonniers arrêtés dans toutes les provinces du Midi, depuis Foix jusqu’au Poitou, à plus de six cents ; il porte à plus de huit cents personnes le nombre des protestants condamnés à diverses peines, dont quatre-vingts gentilshommes. D’après la même autorité, en 1745 et 1746 seulement, le parlement de Grenoble condamna plus de trois cents personnes à mort, aux galères, au fouet, ou au bannissement ; nous trouvons dans ces mémoires une liste détaillée de cent seize protestants condamnés aux galères perpétuelles par le même parlement de 1745 à 1752. D’après les autres listes que le pasteur Antoine Court a données dans ce même Mémoire, qui sont pleinement confirmées par des listes non moins authentiques de notre collection[1], il faut porter le nombre

  1. Nous possédons dans notre collection, mss. P. R., trois tableaux détaillés des galériens de Toulon, pour cause de condamnation religieuse, de