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lieux mêmes. D’autre part, nous aurons la preuve que l’on réussit souvent à intéresser les puissances protestantes à leur sort, et que le comité protestant de Lausanne put agir efficacement auprès de ses amis de Paris pour obtenir l’élargissement des confesseurs. Nous voyons aussi que le sort de ces malheureux était un peu adouci par la sympathie, et, s’il est permis de parler ainsi, par la bonne réception de leurs compagnons de bagne. Voici ce que nous trouvons dans une lettre adressée à Paul Rabaut, de l’hôpital de Toulon, par le galérien Jean Raymond, du Pont-de-Camarès, en Rouergue, qui avait été condamné à vie, avec plusieurs fidèles de Bédarieux, en 1754, pour crime d’assemblées : « Je croirais manquer à mon devoir, si je ne vous annonçais l’arrivée de Dominique Chéréique, de Mirepoix, lequel vous assure de son profond respect ; vous ne devez pas douter que nous ne l’ayons reçu comme un véritable confrère ; mais nous n’avons pas pu faire selon nos désirs, ne sachant pas son arrivée. Il est vrai que monsieur Court, de Lausanne, nous avait marqué qu’il avait été jugé à Pau, en Béarn, et sans cela il aurait été à plaindre, quoiqu’il ne l’est pas moins, malgré tout ce que nous avons pu faire pour adoucir ses peines. » (Lett. de juin 1760, de l’hôp. de Toulon)[1]. C’est ici la dernière intervention que nous trouverons du pasteur Antoine Court. Elle prouve que l’année même de sa mort, et jusqu’au dernier soupir, ce

  1. Nous ne devons pas omettre de signaler particulièrement parmi ces confesseurs, Jean Bonnafous, de Bédarieux, cousin de Paul Rabaut, condamné à vie par l’intendant de Montpellier, pour assemblée religieuse, le 9 octobre 1754. Il était encore au bagne en septembre 1757. Mais la position et la parfaite innocence de ce respectable père de famille intéressèrent en sa faveur plusieurs personnes puissantes, et notamment M. de M. — (Mirepoix ?)