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des églises du désert.

digne pasteur s’occupait des églises et de leurs confesseurs, qu’il avait toujours si tendrement servis. Enfin nous devons ajouter, d’après nos pièces, que l’on mettait quelquefois en liberté les galériens protestants, moyennant qu’ils abjurassent leur foi : voici ce que marque à son pasteur le galérien Jean Raymond : « L’on nous flattait, de chez nous, que nous quatre, de Bédarieux ou de Faugères, aurions notre liberté ; cependant la nouvelle a été trompeuse. Les premières conditions que la religieuse Triadou nous avait faites ne nous ayant pas convenu, à nous, apparemment que les nôtres ne lui ont pas convenu, à elle. La liberté qu’elle nous voulut faire obtenir nous aurait coûté trop cher, quand il s’agit de perdre son âme. Si vous avez occasion d’aller du côté de chez nous, je vous prie en grâce de voir ma chère épouse et famille. » (Lett. de juin 1760, de l’hôp. de Toulon. Mss. P. R.) Cette lettre ne prouve que trop l’obsession fanatique des convertisseurs, qui allaient poursuivre les confesseurs de la foi du désert jusque sur les bancs des bagnes.

À ces tristes détails nous devons ajouter une autre liste non moins douloureuse ; c’est celle des détenues à la tour de Constance, pour cause de religion. Nous donnerons le catalogue de ces infortunées prisonnières, d’après un état dressé par l’une d’elles, et de sa main propre (Pièc. just. n. vii). L’auteur est Marie Durand, la sœur du ministre qui fut exécuté à Mont-

    et il sortit peu de temps après. (Lett. à Paul Rabaut, Mss.) Il paraît aussi que les galériens avaient la faculté de travailler à un métier qui pouvait être lucratif, sans sortir du bagne, et que c’était seulement à défaut de ce métier qu’ils étaient contraints d’aller « à la fatigue des arsenaux où journellement il s’estropie quelqu’un. » (Lett. de J.-P. Espinas, de Saint-Félix de Châteauneuf, en Vivarais, au past. Lafond, 1753. Mss. P. R.)