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des églises du désert.

vexations auxquelles les particuliers ne fussent soumis ; que les galères étaient remplies de gens de toute sorte, gentilshommes, médecins, marchands, artisans, pour avoir seulement prié selon les lumières de leur conscience ; que foule de parents sont séparés de leurs parents et proches, et réduits au désespoir ; qu’on imposait à quantité de villes et districts entiers des amendes exorbitantes, dans lesquelles Nîmes seule figurait pour plus de soixante mille livres ; que nombre de chefs de famille se voyaient contraints de payer des sommes considérables, parce que leurs enfants avaient fui en pays étrangers ; « que sous les rois les plus acharnés contre la réformation, sous Charles IX par exemple, les protestants français avaient la liberté de vendre leurs effets et de se retirer où ils jugeraient à propos, et qu’aujourd’hui ils ne pouvaient ni s’exiler, ni aller mendier leur pain dans les pays de leur communion ; qu’on les retenait de force ; qu’on les minait de fond en comble ; que l’unique ressource qu’il leur restait était de faire ce qu’ils détestent le plus, de devenir hypocrites, d’autant plus criminels que leur conscience condamnait plus fortement leur lâcheté ; » et qu’enfin, l’unique cause de tous ces malheurs était que les protestants refusaient de servir Dieu d’une manière qu’ils croyaient opposée à ses ordres les plus formels ; que c’est d’ailleurs abusivement que l’on objecte que leurs assemblées sont trop nombreuses, et qu’elles peuvent mettre l’État en danger ; que ces assemblées ne sont nombreuses que par accident, et à cause de leur rareté même ; qu’ils consentiraient très-volontiers qu’on réduisît le nombre des assistants, pourvu qu’ils pussent s’y rendre sans danger ; que quantité de curés et officiers catholiques qui ont assisté à ces assemblées avaient pu se convaincre et