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histoire.

pouvaient attester qu’il ne s’y passe rien que de très-innocent ; que, loin d’être une source de troubles, elles avaient puissamment contribué à extirper l’esprit dangereux du fanatisme, né dans un temps où le culte était moins bien réglé ; que ce qui devait plus que toute chose les mettre à couvert de pareils soupçons, c’était leur soumission constante aux lois civiles du royaume ; que sous le poids de tant de souffrances, nul ne pouvait trouver étonnant que ceux qui les endurent mettaient tout en œuvre pour obtenir quelque soulagement. — Non que les églises de France fussent dans l’idée que leurs plaintes et leurs incontestables droits pussent former la matière des conférences du congrès d’Aix-la-Chapelle ; elles pensaient seulement que, dans le cas où les plénipotentiaires parviendraient à signer la paix, alors ceux des puissances protestantes pourraient agir de concert auprès de la cour de France et de Sa Majesté Très-Chrétienne en faveur de ses sujets, qui ne refusaient de se soumettre à aucun de ses édits qui ne regardent point la religion, et qui sont bien persuadés que si Sa Majesté était informée seulement d’une partie des rigueurs qu’ils souffrent sous son autorité, elle se hâterait de donner des ordres pour adoucir leur sort, et les mettre en état d’allier la fidélité qu’ils lui doivent avec celle qu’ils doivent à leur Dieu. « La paix générale à laquelle on travaille doit rendre le repos à l’Europe, seraient-ils les seuls qu’elle laissât dans l’agitation et dans de mortelles angoisses. Les horreurs de la guerre, qui vont cesser partout, s’acharneraient-elles sur eux seuls ? Tranquilles sur ce qui se passe hors du royaume, auraient-ils tout à craindre au dedans ? tandis que leurs compatriotes s’empressent de donner à leur monarque le titre de Bien-Aimé,