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Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/481

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des églises du désert.

l’occasion du Mémoire[1] qu’il composa pour le Conseil du roi, quoique ce magistrat se fût alors retiré de sa place, et qu’il travaillât dans la retraite que sa vieillesse avancée lui avait fait prendre. On voit clairement, dans cette pièce, les embarras de la cour vis-à-vis les protestants, et les causes qui amenèrent indirectement un surcroît de persécution, de 1750 à 1762, persécution qui n’était pas dans le but de l’auteur et qui faillit ranimer la guerre camisarde : ce sont ces mémoires qui seuls nous permettront de découvrir comment les vigoureuses mesures disciplinaires que nous avons vu prendre par les églises furent jugées par la cour.

Joly de Fleury convient d’abord que la situation du Languedoc, par rapport aux religionnaires, est telle, que le gouvernement s’est vu souvent contraint, surtout dans les temps de guerre, de ne pas suivre à la rigueur la disposition des ordonnances ; que, par rapport aux évêques, « ils se rendent de jour en jour plus difficiles ; » cette remarque portait sur leur refus de bénir les mariages des nouveaux convertis. Il faut maintenant remonter plus haut. Suivant ce magistrat, la guerre de 1688 n’avait pas produit autant de fermentation sur les religionnaires que celles qui vinrent après ; mais la guerre de la succession et les désastres des armées françaises avaient relevé leur courage. Ils se flattèrent qu’après la paix on leur permettrait l’exercice de leur religion. « Nos ennemis leur envoyèrent des prédicants, » disait Joly de Fleury, assertion que tous les travaux d’Antoine Court et de ses premiers collègues démentent assez. Suivant ce

  1. Mémoire de M. Joly de Fleury, imp. 59 p. p. vers 1752 ; l’auteur avait soixante-dix-sept ans.