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histoire.
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comme mon roi, et que je respecte encore comme le fléau du Seigneur, tu auras aussi part à mes vœux. Ces provinces que tu menaces, mais que le bras de l’Éternel soutient ; ces climats que tu peuples de fugitifs, mais de fugitifs que la charité anime ; ces murs, qui renferment mille martyrs que tu as faits, mais que la foi rend triomphants, retentiront encore de bénédictions en ta faveur. Dieu veuille faire tomber le bandeau fatal qui cache la vérité à ta vue. Dieu veuille oublier ces fleuves de sang dont tu as couvert la terre et que ton règne a vu répandre ! Dieu veuille effacer de son livre les maux que tu nous as faits, et en récompensant ceux qui les ont soufferts, pardonner à ceux qui les ont fait souffrir. Dieu veuille qu’après avoir été pour nous, pour l’Église, le ministre de ses jugements, tu sois le dispensateur de ses grâces et le ministre de ses miséricordes. Je reviens à vous, mes frères, je vous comprends tous dans mes vœux… Mais il faut les puiser à la source, il ne suffit pas qu’un homme mortel ait fait des vœux en votre faveur, il faut aller jusqu’au trône de Dieu même, lutter avec le Dieu fort, le forcer par nos prières et par nos larmes, et ne point le laisser aller qu’il ne nous ait bénis (Exode, 32, 32). Magistrats, peuple, soldats, citoyens, pasteurs, troupeaux, venez, fléchissons le genou devant le monarque du monde. Et vous, volées d’oiseaux, soucis rongeants, soins de la terre, éloignez-vous, et ne troublez point notre Sacrifice. » (Sermon sur les dévotions passagères.) Ces touchantes et belles paroles font aussi partie de l’histoire ; à l’ouverture d’un récit des luttes des églises de la patrie, il était bon qu’on eût sous les yeux le tableau des sentiments des Français protestants qui en avaient été chassés et qui en traînaient avec eux le douloureux souvenir : on verra