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des églises du désert.

vela l’alliance suisse avec les seuls cantons catholiques. D’autre part, la cour brillante de la reine Anne, toute livrée à des rivalités de grandes dames, ne demanda que très faiblement la tolérance des protestants, lors des conférences presque victorieuses de la paix d’Utrecht. La faible et bonne reine Anne, au milieu des menées des Churchill, oubliant son titre de défenseur de la foi, laissait jouer à Windsor des sortes de marionnettes presque aussi futiles que celles de la jeune duchesse de Bourgogne dans les soirées de Versailles. Que pouvaient les intérêts sacrés de tant de milliers de fugitifs et les droits immortels de leur conscience, contre tout cet égoïsme des rois et des reines de l’une et de l’autre religion ?

Nous ne pouvons résister en terminant cet exposé à faire une remarque plus consolante. Il ne faudrait pas croire que toutes ces lois intolérantes de Louis XIV fussent d’une exécution facile, ni même qu’elles fussent de tous points approuvées par le parti même qu’elles devaient le plus servir, nous voulons dire, par le clergé catholique. Nous trouvons une preuve remarquable du contraire ; elle est consignée précisément dans ce petit recueil commode de près de deux cents lois et édits que la cour autorisa, et qui forme le véritable code pénal des Français protestants de l’époque. Nous y voyons une circulaire remarquable, adressée aux évêques de France par le ministre Phélypeaux de Pontchartrain, selon l’ordre du roi, où cet administrateur tance très-formellement les prélats, à cause de l’espèce de froideur qu’une partie du clergé mettait à exécuter les édits intolérants, surtout en ce qui concernait la présence forcée des enfants des réformés aux écoles catholiques. « Vous savez, dit Phélypeaux à l’évêque de Chartres, les soins que le roi s’est donnés