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histoire.

pour faire établir des écoles dans tous les lieux de son royaume, et combien de fois Sa Majesté a fait écrire à messieurs les prélats pour exciter leur attention, à ce que les nouveaux convertis eussent soin d’y envoyer leurs enfants. Elle apprend néanmoins avec surprise qu’il y a des diocèses où ces écoles sont entièrement négligées ; que les juges, à qui il est enjoint de prononcer des amendes contre les pères et mères qui se dispensent d’y envoyer régulièrement leurs enfants, s’excusent sur ce que les curés ne les avertissent point et que ceux-ci, par un scrupule mal placé, ne veulent pas les dénoncer, de peur de s’attirer la haine des nouveaux convertis. Ils tombent encore dans une négligence bien plus blâmable. Par l’édit du mois d’août 1686, les curés sont obligés de visiter les nouveaux convertis dans leurs maladies, et lorsqu’à l’extrémité de leur vie ils refusent de les écouter, ils doivent avertir les juges de se transporter chez les malades, pour recevoir leurs déclarations, afin que s’ils persistent dans leurs erreurs, ils puissent faire le procès à leur mémoire. Le roi apprend que tout cela ne s’exécute point, par la faute particulièrement des curés, qui ont la délicatesse de ne vouloir pas se porter délateurs, sous prétexte, disent-ils, qu’ils se rendraient odieux aux nouveaux convertis, qui n’auraient plus de confiance en eux. Cependant, il meurt très-fréquemment des relaps, lesquels sont enterrés secrètement pendant la nuit, dans les champs ou dans les caves des maisons, sans qu’il soit fait aucune poursuite contre leur mémoire, ce qui est directement contraire à la disposition de l’édit… Vous jugez bien que de si grands abus ne doivent pas être tolérés ; ainsi. Sa Majesté m’ordonne de vous écrire que vous fassiez des reproches très-vifs aux curés de votre diocèse qui