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des églises du désert.
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connaître, dans la suite de cette histoire (Pièc. just., no  ii), une lettre de ce fameux intendant, qui se souilla de tant de supplices envers les réformés, et dont la vie fut, en quelque sorte, expiée par la conduite opposée de son illustre descendant Lamoignon de Malesherbes, qui se plaisait à redire avec autant de grâce que d’humanité : « Il faut bien que je rende quelques bons offices aux protestants ; mon ancêtre leur a fait tant de mal. »

En ce qui concerne les flatteries inouïes dont Louis XIV fut l’objet, au moment même où son pouvoir se signalait par tous ces édits si intolérants, consignons d’abord comme mesure préparatoire le compliment de Racine à propos du dictionnaire de l’académie, compliment dont on peut dire qu’il est l’un des plus extraordinaires qui aient été jamais adressés même par un poète à son maître :

« Ce dictionnaire, qui de soi-même semble une occupation si sèche et si épineuse, nous y travaillons avec plaisir ; tous les mots de la langue, toutes les syllabes nous paraissent précieuses, parce que nous les regardons comme autant d’instruments qui doivent servir à la gloire de notre auguste protecteur » (Discours pron. à l’Acad. franc., à la réc. de l’abbé Colbert, le deuxième fils du ministre ; 30 octobre 1678.) Plus tard on entendit l’auteur d’Athalie

    vingt-cinq ou trente hommes que l’on va pendre. » (27 octob. 1675, lett. 352.) — « On a pris soixante bourgeois ; on commence demain à pendre. Cette province est d’un bel exemple pour les autres ; et surtout de respecter les gouverneurs et gouvernantes ; de ne point leur dire d’injures, de ne point jeter de pierres dans leur jardin. » (30 octob. 1675, lett. 353 ; édit de Paris : 1806.) Notre lettre de Baville du 24 septembre 1698, renferme cette phrase en post-scriptum : « J’ai condamné ce matin soixante-seize malheureux (protestants) aux galères. » (Mss, no  ii.) On voit qu’au style près il y a une certaine analogie entre ces deux genres épistolaires.