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velle secte, compromis bâtard entre leur ancienne et leur nouvelle religion. Cette secte, appelée secte des « Mamaia », s’appuyait sur l’autorité de l’Écriture, et en particulier sur l’exemple de Salomon ; elle professait les doctrines suivantes : « Si Salomon, tout sage qu’il était, avait eu plusieurs femmes, pourquoi ne pourrions-nous pas en avoir aussi quelques-unes et surtout en changer ? Que les hommes prennent des femmes et en changent au gré de leur caprice, que les femmes en fassent autant, que les jeunes gens aient une liberté sans limites. »

« De plus, il n’y avait point de punitions ni enfer dans l’autre vie ; tout le monde devait être heureux, tout le monde devait aller au ciel ; et dans ce ciel, véritable paradis de Mahomet, de nouveaux plaisirs y étaient réservés avec des femmes qui ne vieilliraient pas, et, au milieu des festins, des danses, des réjouissances, des fêtes, le bonheur devait être éternel[1]. »

Cette morale était trop dans les goûts de la population, pour ne pas réussir : aussi les effets ne s’en firent-ils pas longtemps attendre, et si nous en croyons M. Mœrenhout, témoin oculaire de ces saturnales, on vit bientôt « toutes les lois tombées dans le mépris ; partout une licence effrénée ; les femmes allaient librement à bord des navires, le jour comme la nuit ; et, vers le soir, on les voyait s’embarquer par troupes avec les marins, ou conduites à bord en pirogues, par leur père, frère ou mari, devenus eux-mêmes des agents de prostitution ; les filles, dès l’âge le plus tendre, étaient vendues aux étrangers par leurs parents, souvent même par leur mère, et

  1. Vincendon-Dumoulin, Îles Tahiti.