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Ces malheureux durent donc exécuter ce trajet tantôt les pieds déchirés par le récif, tantôt à la nage, exposés à se noyer ou à être dévorés par les requins. — À la suite de ces châtiments, la tranquillité se rétablit, et l’île reprit son ancienne physionomie. C’est ainsi que la vit Darwin. Le célèbre naturaliste anglais arriva à Tahiti au mois de novembre 1835, avec le « Beagle », capitaine Fitz-Roy. La description qu’il fait de l’île mérite d’être rapportée ; il la divise en trois zones : « La première, dit-il, doit son humidité et par conséquent sa : fertilité à ce qu’elle est absolument plate ; elle est, en effet, à peine élevée au-dessus du niveau de la mer, et l’eau s’y écoule très lentement. — La zone intermédiaire ne plonge pas, comme la zone supérieure dans une atmosphère humide et nuageuse et reste par conséquent stérile ; les bois de la zone supérieure, sont fort jolis ; les fougères arborescentes remplacent les cocotiers que l’on trouve sur la côte ; il ne faudrait pas supposer, cependant, que ces forêts soient aussi splendides que celles du Brésil. On ne peut, d’ailleurs, s’attendre à trouver sur une île un nombre aussi considérable de productions que sur un continent.

« L’île entière est si montagneuse, que le seul moyen de pénétrer dans l’intérieur est de suivre les vallées ; bientôt la vallée elle-même se rétrécit, les montagnes qui la bordent s’élèvent et prennent l’aspect de véritables précipices ; de chaque côté les murs sont presque verticaux ; cependant ces couches volcaniques sont si molles, que des arbres et de nombreuses plantes poussent dans toutes les crevasses. Ces murailles ont au moins quelques milliers de pieds de hauteur. J’avais vu dans les Cordillières des montagnes bien