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ments survenus à Tahiti, et sa colère fut grande quand il sut que le protectorat français n’avait donné lieu à aucune protestation de la part de ses collègues ; il ne pouvait se résoudre à voir aussi facilement son autorité disparaître, tout son crédit s’évanouir : aussi mit-il tout en œuvre pour créer des embarras au gouvernement provisoire et pour tâcher de susciter un conflit entre les indigènes et les autorités françaises ; profitant de la présence sur rade du bâtiment qui l’avait, amené, la Vindictive, et dont il avait converti le capitaine à ses idées pendant le voyage, il effraya la reine Pomaré, et parvint bientôt à reprendre sur elle tout le crédit qu’il avait autrefois. Cette malheureuse princesse, obéissant toujours à la crainte, circonvenue et obsédée par Pritchard, finit par consentir à écrire une lettre à la reine d’Angleterre, dans laquelle elle disait, en parlant du traité du protectorat :

« Ô Reine, ce traité je ne le reconnais pas, ce sont les Chefs qui ont traité avec les Français et qui m’ont forcée. Défendez-moi, prêtez-moi une assistance puissante et prompte, et vous me rétablirez dans mon gouvernement. Mon amie, envoyez-moi promptement un grand vaisseau de guerre pour m’aider. »

Heureux détenir un pareil désaveu des agissements français, Pritchard ne perdit pas de temps ; il obtint du commandant de la Vindictive un officier pour porter cette lettre en Angleterre et fréta lui-même une goélette pour faire arriver plus vite ce messager à Panama.

Puis, pour se rendre favorable au peuple tahitien, il entreprit de modifier les lois qu’il avait lui-même inspirées quelque temps avant son départ pour l’An-