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Page:Coral - Esquisse historique - Tahiti.djvu/61

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l’Uranie était employée à rendre praticable le chemin par lequel étaient montés les volontaires. Presque toute la journée fut employée à ces préparatifs.

Cependant on n’avait plus de nouvelles des volontaires, et la nuit allait venir ; déjà certaines craintes, certaines appréhensions se produisirent : une trahison, après tout, était possible. Il n’en était rien, heureusement ; les volontaires continuaient lentement leur ascension : ils étaient alors arrivés à la partie la plus difficile ; tantôt à cheval sur des crêtes abruptes, ils devaient marcher à la suite les uns des autres, tantôt, obligés de se hisser à la force des bras, pour franchir une paroi verticale, il fallait rechercher la moindre aspérité, la moindre touffe d’herbe pour se retenir ; les mains, les pieds ensanglantés, ils ne se décourageaient pas et continuaient leur périlleuse escalade. Enfin, la dernière rampe est gravie, la dernière muraille de roc surmontée ; ils arrivent sur le plateau, but de leurs efforts, et peuvent voir à quelques mètres au-dessous d’eux la position et le camp des insurgés. Tous se lèvent alors, et au cri de « Vive le Roi » ! ils mettent en joue les indigènes étonnés et confondus de voir une troupe les attaquer d’un côté où jamais ils n’auraient supposé qu’un homme même pût arriver ; une sorte de terreur superstitieuse s’empare de leurs esprits, et, avant que les volontaires aient eu le temps de les aborder, ils rendent leurs armes et implorent la pitié du vainqueur ; le pavillon tahitien est renversé et remplacé par le drapeau tricolore. À cette vue, le capitaine Masset se précipite avec ses voltigeurs. Croyant les volontaires aux prises avec l’ennemi, il se hâte d’accourir : ni les précipices ni les dangers de la route ne l’arrêtent,