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avec un autre : cela me paroît devoir être conſidéré chez lui comme un trait de caractère.

Il s’étoit engagé volontairement & de lui-même, à mettre en muſique toutes les paroles qui lui ſeroient envoyées par ma femme. Je lui apporte un jour de ſa part le volume des Œuvres de Shakeſpeare, traduction de Letourneur, où ſe trouve la tragédie d’Othello & lui montre l’endroit où ſont les paroles : Au pied d’un ſaute, &c., en l’invitant, de la part de ma femme, de les mettre en muſique. Je lui obſervai que pour pouvoir donner à ces paroles le caractère qui leur convient, il falloit qu’il prit la peine de lire la pièce. J’en ſuis faché, me dit-il, mais je me ſpromis de ne plus lire. Comme je connoiſſois ſes ſcrupules ſur cet article, je lui dis que lorsqu’on tenoit à remplir ſes engagemens, il falloit n’en prendre que le moins possible, attendu que l’on s’expoſoit à ce qu’il y en eût de contradictoires, & qu’alors on ſe mettoit dans la néceſſité de manquer ou à l’un ou à l’autre. Vous vous êtes promis de ne point lire, & vous avez promis à ma femme de mettre en musique tout ce qu’elle vous préſenteroit ; elle vous préſente des paroles qui exigent la lecture d’une