Page:Corbière - Le Négrier.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

yeux et mes mains, qui se pressaient presque avec délices sur les manœuvres, sur les batteries des caronades ou la roue du gouvernail. Au bout de quelques heures de navigation, je ne pensais plus à mes parens. Je sentais que le bord était devenu ma maison, l’équipage ma famille, et la mer ma patrie.

Le capitaine Arnaudault, qui nous commandait, était un de ces corsaires fortement prononcés, que les marins nomment un Frère-la-Côte. Il menait avec lui deux de ses fils, qu’il avait fait élever comme de jeunes demoiselles, pour en faire plus tard, disait-il, des flibustiers comme il faut. Toute la nuit il se promenait sur le