Page:Corbière - Le Négrier.djvu/475

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dans un bon lit et se repaître de légumes frais et de viandes succulentes, autour d’une table bien servie ; mais rarement un marin, quelque dur qu’ait été son voyage, se livre à ces rêves de gourmandise : il sait qu’après avoir resté un mois à terre, il faudra se soumettre à de nouvelles privations, et il pense qu’autant vaut se faire une habitude d’être mal, que de se laisser aller aux douceurs d’une vie qui ne doit pas être la sienne. Quand arrive l’occasion de se dédommager dans les excès de toutes les contraintes qu’il s’est imposées, il a bien garde de la laisser échapper ; mais au large il ne s’amuse guère à se créer de riantes illusions qu’un coup de mer peut détruire ou qu’un naufrage peut lui ravir avec la vie. On ne sait pas assez combien il y a de philoso-