Page:Corbière - Le Négrier.djvu/56

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compta la demi-part qui me revenait en tant que mousse. « Tiens, Fil-à-Voile, me dit le capitaine en me jetant une large poignée d’argent à la tête : tu t’es bien patiné, j’augmente ta ration. » La répartition faite, les matelots se mirent à jouer leur butin aux dés ; on s’achetait la ration de vin et d’eau-de-vie ; chaque quart de vin se vendait dix, vingt francs ; chaque boujaron d’eau-de-vie, autant.

La nuit, nous éprouvâmes un coup de vent, en cape sous le grand hunier. Nos prisonniers anglais se promenaient pêle-mêle avec nous sur le pont, l’air abattu, l’œil morne ; ils étaient nombreux, mais on ne les craignait pas ; car leur stupéfaction était au