Page:Corbière - Le Négrier.djvu/57

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moins égale à l’insouciance des corsaires. À leur place, des matelots français ne seraient pas restés prisonniers deux heures, sans chercher à enlever le navire.

Le soir même du jour qui suivit notre combat avec le trois-mâts anglais, nos matelots, pendant le coup de vent, étaient assis à l’abri des pavois, avec autant de tranquillité que s’ils s’étaient trouvés au cabaret. Les uns, blessés dans l’affaire, se traînant sur le pont, la jambe entortillée de linge ou le bras en écharpe, chantaient ces complaintes de gaillard-d’avant, rauques comme le bruit des flots, monotones comme le mugissement des rafales qui hurlaient dans la mâture