Page:Corbière - Le Négrier.djvu/787

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un oiseau, sur les flots que le lourd vaisseau ne fend qu’à peine, avec une brise trop faible pour lui. Nous lui échappons enfin, et nous respirons.

— Comment avez-vous trouvé ma maladie ? me demanda alors maître Pitre.

— Excellente, mon brave garçon ; elle nous a sauvés. Et avec quoi t’es-tu donc barbouillé de la sorte ? Tu avais l’air d’un spectre.

— Vous voyant embarrassé, je me suis frotté la figure, les bras et la poitrine, avec l’eau de safran que nous mettons dans le riz, et nos gens, ma foi, en ont fait autant. Ma fièvre jaune nous a tous guéris d’une fameuse peur, n’est-ce pas, mon capitaine ? C’est qu’ils nous auraient tous pendus au moins, les ca-