Page:Corbière - Le Négrier.djvu/788

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nailles, pour le demi-cent de nègres que nous avons envoyés hier par dessus le bord !

S’il nous avait été permis de nous livrer à la joie dans ce moment, nous aurions sans doute célébré notre triomphe par quelque bonne orgie, car déjà le vaisseau anglais, vaincu dans ce combat si inégal, ne se voyait plus qu’à l’horizon. Mais nous ne pouvions encore nous abuser sur la longueur de la route qui nous restait à faire, et sur le peu de vivres que nous possédions. Le vent, qui nous avait si heureusement tirés de dessous la volée de l’ennemi, continua à nous favoriser ; mais bientôt un nouveau contre-temps vint nous consterner. Une voie d’eau se déclara : nous sautons aux pompes et nous parvenons à peine à les