Page:Corbière - Le Négrier.djvu/848

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des négresses que l’on transporte, coûtent la vie à tant de négriers, il avait soin de me répéter, pour prévenir les reproches que j’aurais pu lui faire : — Ne croyez pas, capitaine, que tout cela m’amuse beaucoup. C’est pour tuer le temps, ce que j’en fais, pas autre chose. Mais si je pouvais, sous vos ordres, me faire mitrailler, ou sabrer de la tête aux pieds, dans une bonne peignée avec quelque Anglais, vous verriez un peu comme je tiens à vivre un jour de plus. À la Martinique, quand vous étiez sur le flanc, et que je ne valais guère mieux que vous, je vous disais : C’est de la mer qu’il nous faut à tous les deux, capitaine. À présent, j’ai changé de cap et d’amures, et je vous dis, entre vous et moi : C’est un bon paquet de mitraille qu’il